Les arrivées se succèdent à Pointe-à-Pitre. Chacun débarque avec son histoire et à chaque fois, la magie opère quand commence le récit. Aujourd’hui à 17 heures (22H00 en métropole), c’était le tour de notre skipper Thomas Coville de partager de vive voix ses 16 jours de course. Très ému, il raconte comment et où il a puisé sa détermination d’aller au bout de son sixième Rhum.
La 3ème place d’une équipe de premier choix
Alors qu’il prend la troisième place sur le podium de la catégorie des Ultimes, Thomas Coville décrit dès son arrivée la force et la cohésion de son équipe qu’il remercie publiquement. Cette équipe lui a permis de repartir de la Corogne après quelques 130 heures de travail à se relayer pour réparer sous la pluie et dans le vent une fissure sur le bras avant bâbord (avarie rencontrée le lundi 5 novembre). Le skipper salue l’esprit et l’opiniâtreté de tout un groupe qui lui a donné la force de reprendre la course alors que ses concurrents directs concluaient leur chevauchée fantastique à travers l’Atlantique. Cette équipe toujours qui lui offre une nouvelle place sur le podium tant convoité de celle qu’on surnomme la reine des transats, sans doute la plus belle des transatlantiques et sans nul doute la plus difficile.
Les mots de Thomas Coville à l’arrivée
Après avoir félicité Francis Joyon et François Gabart, Thomas Coville raconte ses premières 24 heures de course et sa désillusion quand il découvre l’avarie sur le bras avant bâbord.
« Je me sens super bien. Dans la baston, je passe devant Francis Joyon et je me doutais que François avait des problèmes parce que j’étais seulement à 20 milles de lui ! Et donc moi, j’étais paisible. J’avais réussi à dormir. Le lundi matin (5 novembre), en voulant renvoyer le troisième ris et en voulant réattaquer, je m’approche du bras avant et je découvre que le bras avant est sectionné. C’est une désillusion terrible. J’envisage même de bricoler moi- même !
Et là, j’arrive à La Corogne et c’est une autre histoire, une histoire d’hommes, l’histoire d’une équipe que j’arrive à convaincre que la course n’est pas finie car tant qu’on n’est pas arrivé il y a tout à faire. Le lendemain Banque Populaire chavire et la course contre la montre démarre. On met à peine plus de cinq jours à réparer et je repars 24 heures avant que les autres arrivent !
Repartir est l’exercice mental le plus difficile que j’ai eu à faire et oui, c’est forcément émouvant.
Ce geste-là n’est pas anodin. Tu fais ça alors qu’il n’y pas de sens sportif. Tu es obligé de t’élever à un niveau qui est au-delà du sens sportif. Si tu t’arrêtes au sportif, tu t’arrêtes.
Je l’ai fait pour mon équipe extraordinaire, pour mon partenaire. Je l’ai fait car notre sport, c’est pour aller au bout. Et si ça veut dire quelque chose de faire du bateau et d’être athlète, c’est un jour pour être capable dans une situation comme ça de relever le gant, de construire l’histoire, de la faire »
© Photo Vincent Curutchet / Sodebo