Le 7 novembre prochain, Thomas Coville et Thomas Rouxel s’élanceront sur la Transat Jacques Vabre à bord de Sodebo Ultim 3 ! Philippe Legros, responsable de la cellule routage de notre trimaran Ultim, fait le point sur le parcours de cette transatlantique historique, repensé pour l’édition 2021.
Depuis 1993, la traditionnelle « route du café » s’élance du Havre pour rallier l’Amérique du Sud (Colombie, Brésil, Costa Rica). Cette année, pour la première fois, l’arrivée se fera en Martinique. 7500 milles (près de 14 000 km) attendent Sodebo Ultim 3 et ses concurrents de la catégorie Ultim, avec une boucle prévue en Atlantique Sud, comme un clin d’œil aux heures sud-américaines.
« La Manche pour commencer »
« On part de la partie nord de la Manche, avec du potentiel mauvais temps et la problématique du trafic maritime jusqu’à la pointe bretonne. Il y a plusieurs DST (Dispositif de Séparation du Trafic, zones interdites à la navigation), au niveau des îles Casquets (ndlr. Au nord-ouest du Cotentin), et du rail d’Ouessant ». Les premières heures de course, passé le spectacle des bords tirés le long des falaises, nécessiteront de la concentration et des manœuvres au contact de la flotte.
S’en suis la traversée du Golfe de Gascogne, « qui peut être agité aussi », mais que nos skippers connaissent bien pour être leur terrain d’entraînement.
Atlantique nord
« Une fois passé le cap Finisterre (ndlr. nord-ouest de l’Espagne), il faudra contourner l’anticyclone des Açores, qui en général est présent à cette saison. C’est une zone sans vent, qu’on évite, mais c’est aussi une zone dont on se sert car les vents tournent autour de son centre. On utilise cette rotation pour nous amener sur la bonne route.
L’objectif est d’être au milieu de l’Atlantique, mais parfois l’anticyclone est tellement vaste qu’il coupe cette route. Les concurrents peuvent donc se retrouver plus proches des côtes africaines, vers Madères ou les Canaries.
« Après cela, nous trouverons des alizés de nord-est, avant le Pot-au-noir. C’est une zone très variable ». Ce Pot-au-noir, ou « zone de convergence intertropicale », est une zone de dévent plus ou moins étendue causée par la rencontre des alizés du nord et du sud de l’Atlantique. Orageuse, imprévisible, elle est souvent synonyme de « coup de frein » pour les bateaux.
« La particularité de ce nouveau parcours c’est que nous allons rencontrer deux fois ce Pot-au-noir. Après le premier passage, les bateaux descendent jusqu’à l’île de Trinidad, et là ils font demi-tour à 180° et ils remontent dans les alizés de l’hémisphère sud jusqu’à rencontrer le Pot-au-noir de nouveau.»
Atlantique sud
« Jusqu’à Trinidad on connaît très bien la route. On ne sait pas encore comment sera positionné l’anticyclone de Sainte-Hélène, mais ce qui est sûr c’est qu’on va naviguer sous son influence, c’est lui qui va générer les alizés de l’Atlantique sud. Au passage de Trinidad, il peut affaiblir notoirement le vent, mais ce n’est pas le plus probable.
La première partie de la remontée, de Trinidad à l’équateur, est un classique d’une remontée de l’Atlantique du tour du monde. C’est la partie allant de San Pedro à la Martinique que l’on connaît moins, parce qu’il y a une partie des routes qui peuvent longer les côtes sud-américaines, ce n’est pas classique comme trajectoire. Il y a d’ailleurs une zone interdite à la navigation fixée par la direction de course pour éviter aux bateaux d’aller dans des zones trop côtières, où il peut y avoir des bateaux de pêche ».
L’arrivée
Les derniers bords de cette transatlantique en duo se feront dans les mers antillaises, où quelques îles jalonnent la fin du parcours. Le passage de la ligne d’arrivée, positionnée à proximité du port de Fort-de-France, promet d’être un beau spectacle pour les martiniquais !
« Dans les statistiques que l’on a faites, c’est en moyenne 18 jours en mer ». Il est donc probable que Thomas Rouxel, co-skipper de Thomas Coville sur Sodebo Ultim 3, puisse fêter son 39e anniversaire à la Martinique, le 26 novembre !