Le recordman du tour du monde en solitaire va-t-il réussir son pari ce soir ? Un nouveau record en ligne de mire

Le skipper de Sodebo Ultim’ a quitté New York il y a 4 jours pour tenter de battre le record de l’Atlantique Nord en solitaire. A 12h00 aujourd’hui, il lui reste 217 milles (401 km) à parcourir pour arriver au Cap Lizard, qui marque l’arrivée de ce record d’Ouest en Est. Il est attendu en début de soirée avec environ une demi-journée d’avance.
Pour mémoire, pour battre le record établi en début de semaine par Francis Joyon en 5 jours et 2 heures et 7 minutes, le skipper de Sodebo Ultim’ doit se présenter à la pointe sud de l’Angleterre avant dimanche matin 10h26 (heure française).

 

LES CONDITIONS AUJOURD’HUI À QUELQUES HEURES DE L’ARRIVÉE

Jean-Luc Nélias suit Thomas à la trace sur les écrans. Au début de la semaine, ils ont vu que ça pouvait passer et pris ensemble la décision de tenter ce record. Depuis, le routeur travaille plusieurs fois par jour les fichiers météo qu’il reçoit avant de les envoyer à Thomas sur le bateau. Il étudie avec lui la route à suivre et c’est Thomas qui fait le choix final avec ce qu’il observe sur l’eau, selon sa fatigue et ses sensations.
Ce matin, Jean-Luc Nélias prévoit une arrivée au Cap Lizard entre 20h00 et 22h00 (heure française) soit une avance d’environ une demi-journée sur le temps du record.
Actuellement, le trimaran avance sur la route directe dans un vent qui faiblit. Depuis le départ, Thomas a toujours eu de l’avance sur les routages. Le skipper manœuvre beaucoup pour maintenir une vitesse moyenne élevée. Malgré un vent de plus en plus instable, il réussit ce matin à maintenir son trimaran entre 25 et 34 nœuds.

 

DE L’AUDACE, ENCORE DE L’AUDACE, TOUJOURS DE L’AUDACE

Mardi dernier, il fallait y croire quand il a quitté New York au moment du lever du soleil. Il était 8h19. Les conditions météo étaient favorables mais pas exceptionnelles pour envisager un sprint gagnant d’Ouest en Est. Le skipper de Sodebo Ultim’ était lucide en larguant les amarres. Oui, cette tentative de record se fera bien en mode : «  pour gagner, il faut d’abord oser !»

 

THOMAS COVILLE REVIENT SUR LES CONDITIONS DE CETTE TENTATIVE DE RECORD DEPUIS LE DÉPART À NEW YORK

« Je suis parti il y a quatre jours et j’ai l’impression d’être parti depuis super longtemps. Comme si la mémoire ne se souvient que du départ, les lumières en guirlande du Verrazzano, les orages, la lune rousse qui montait… » 

Partir le soir, c’est une nuit de plus en mer
« Le départ a été difficile car la logistique à New York est compliquée. On avait déjà quitté le quai, quand Jean-Luc (Nélias, routeur à terre de Sodebo Ultim’) a appelé pour dire qu’on ne part plus, que c’est trop tôt et qu’il faut attendre 
Du coup, ça nous a offert un temps précieux pour terminer ce qu’on avait à faire sur le bateau. Puis les garçons sont descendus dans les zodiacs dans la nuit. J’ai attendu tout seul en tirant des bords pendant presque 8 heures dans le chenal. Je savais que je gâchais une première nuit de sommeil et qu’on n’avait pas de plan B pour revenir à terre si je ne partais pas. »

Mardi, le départ, toutes voiles dehors et tout de suite, ça va vite, très vite…
« Après, tu pars dans la nuit il y a du trafic, des orages, je passe un premier grain assez impressionnant et chaud, j’étais nerveux et tendu. C’est vraiment dur de s’extraire de New York. Ca allait vite sur mer plate. Tu sais aussi que c’est tout de suite qu’il faut être à fond.
Finalement, la nuit est vite passée, le jour arrive avec le brouillard et là je ne vois rien.  Sur les bancs de Nantucket, j’ai senti que je touchais plusieurs fois des poissons sur le safran bâbord.
J’ai eu vraiment peur que le safran soit dégagé mais non ! J’ai bricolé à califourchon au ras de l’eau sur le flotteur sous le vent avec le bateau qui avançait presqu’à fond. Il ne faut pas trop gamberger, je me disais : « Oublie l’issue, fais au mieux à fond comme tu sais faire. »

La deuxième nuit impressionnante en vitesse et des décharges d’angoisses
« Ça commence à accélérer. J’ai barré un peu. Le radar et l’AIS marchait plutôt bien quand j’ai touché un requin qui est resté sur le safran. Il a fallu que je roule et que je me mette en marche arrière pour le dégager. Puis j’ai touché un bidon et pas mal d’impacts qui te mettent la rate au court bouillon. Tu prends à chaque fois une décharge d’angoisse.»

Le troisième jour
Je suis très toilé et de temps en temps, je monte sur une coque… il faut choquer, reprendre, je garde un œil sur mon safran bâbord qui ne se plaint pas, je bascule le mât, je le reprends je suis tout le temps sur les réglages.
L’Atlantique Nord pour moi
C’est le premier record que j’ai tenté. C’est le temps de référence de tout le monde, c’est celui qui parle et qui est le plus tenté.

Moins de 5 jours pour traverser l’Atlantique à la voile
Le film se déroule et je sais que jusqu’au bout, tu peux tout gagner ou tout perdre. Je suis parti pour essayer de battre ce record. Au moment du top départ, je n’ai pas calculé quand il fallait que j’arrive. Je n’ai pas le Cap Lizard en référence,  je fais ma route step by step. Depuis le départ, j’ai un point que je vise et le Cap Lizard est la dernière phase du tronçon qui est moins ventée. Si les prévisions météo se confirment, on arrivera à finir sur notre élan. Comme tous ces records, il faut des situations particulières et la bonne météo qui te permet de tracer les bons traits, la bonne trajectoire .

 

UN HOMME DÉTERMINÉ

Quand Thomas Coville a quelque chose en tête, on aura remarqué qu’il est relativement …. obstiné. L’hiver dernier, il avait déjà porté une belle estocade à la planète des records à la voile en accomplissant tout seul un tour du monde en moins de 50 jours.
Le nouveau pari du skipper de Sodebo Ultim’ s’inscrit dans la même lignée. Un pari qui comporte une sacrée dose d’audace. D’ailleurs, on les compte sur les doigts de la main, les marins capables d’envisager de sprinter en solitaire à travers l’Atlantique Nord en équilibre sur trois coques.
Et puisque le temps à battre flirte avec les 5 jours, le skipper de SODEBO ULTIM’ n’a pas hésité très longtemps quand la météo a entre-ouvert une fenêtre.
En escale à New York, les techniciens ont armé le grand bateau à trois coques en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Puis, Thomas Coville a embarqué le nécessaire pour passer moins d’une semaine en mer.
Il y a quatre jours, le skipper de SODEBO ULTIM’ a hissé les 800 mètres carrés de voiles de son grand trimaran de 31 mètres et il s’est mis en attente en tirant des bords dans la nuit devant Manhattan. Son routeur à terre avait les yeux fixés sur les fichiers pour lui donner le feu vert du départ. Ils étaient tous les deux concentrés. Leur cible, l’Atlantique Nord à la voile en moins de 5 jours. Plus vite que les paquebots !

 

RECORD DE TRAVERSÉE DE L’ATLANTIQUE NORD 

  • Départ : Ambrose Light devant New York
  • Arrivée : Cap Lizard, pointe sud de l’Angleterre
  • Temps à battre : 5 jours 2 heures et 7 minutes
Sodebo, la liberté a du bon !