Suite à l’avarie rencontrée sur le safran tribord, les dernières 36 heures ont été chargées à bord de Sodebo Ultim 3. Guidés par leur équipe à terre, Thomas Coville et Jean-Luc Nélias ont été bien occupés par le diagnostic et la sécurisation du bateau. Hier soir, après avoir assuré le gréement, ils ont perdu l’arrière du flotteur tribord. Cela n’entrave pas leur progression vers l’Afrique du Sud. Sodebo Ultim 3 se trouve actuellement à 880 milles de Cape Town où l’escale technique s’organise pour l’accueillir d’ici 48 heures.
Suite au choc d’hier qui a conduit à la perte du safran, le flotteur fissuré s’est désolidarisé du bateau en fin de journée. Après de nouvelles investigations de Thomas et Jean-Luc, la cassure semble nette. De nombreuses heures de travail ont été nécessaires pour garantir la bonne marche du bateau et limiter des dégradations supplémentaires. A la cellule routage, Thierry Douillard tient à souligner, « l’incroyable sens marin de Thomas et Jean Luc, qui savent à tout moment passer d’un mode compétition pur, à celui très pragmatique de la raison et du sang froid pour gérer des situations difficiles, et ce malgré la fatigue et la déception ».
En Afrique du Sud, l’escale se prépare. Le matériel est parti hier, et trois membres du team seront sur place dès ce soir : François Duguet, le boat captain, Frédéric Gastinel, le responsable mécanique/hydraulique/accastillage et Patrice Richardot, technicien composite. Les contacts avec des acteurs locaux ont déjà été établis pour répondre aux éventuels besoins matériels et humains. Une autre partie de l’équipe arrivera à Cape Town mercredi et pourra, à l’arrivée du bateau jeudi, dresser un bilan structurel et estimer le temps à passer sur les réparations. La décision sur la suite à donner pourra alors être prise. L’engagement et la détermination des hommes sont intacts ; ils feront tout le nécessaire pour permettre au dernier né des Ultims et à son équipage de repartir au plus vite.
19 novembre – Mot du bord de Martin Keruzoré / Sodebo Ultim 3
« Ces dernières 24 heures, par où commencer ? Un fait, une suite de mésaventures, une corrélation d’évènement gérés par Thomas et Jean-Luc. Ces hommes-là ont passé la journée du 18 Novembre sur le pont, pour sécuriser la situation, éviter le suraccident. L’ambiance grand Sud était au rendez-vous, lumière grise, un ciel plombé sillonné d’une multitude d’oiseaux, 20 – 25 noeuds d’un vent froid venant clôturer la carte postale. Dans ces conditions, il a fallu jouer les équilibristes sur le flotteur sous le vent afin de détacher le safran pour éviter qu’il continue d’endommager le fond de coque. Une fois cette tâche accomplie après plusieurs minutes à faire du rodéo, nous voilà repartis mais très vite la partie arrière du flotteur se dégrade à vue d’œil, la mer venant s’engouffrer dans le trou ou logeait la tête de safran. Les deux marins du bord réagissent et pensent à sécuriser le gréement si un de ses points d’ancrage venait à être fragilisé par la suite. Le relais s’effectue rapidement avec la cellule de routage à terre et l’opération peut commencer. Pour ma part, je suis là, attentif et spectateur de cette scène, ce duo, même dans des situations comme celle-là, fait preuve d’un calme et d’un grand sens marin. Thomas doit à nouveau revêtir le baudrier pour monter dans le hauban et y passer une garde. La lumière s’assombrit, la fin de journée approche, le mât est entre de bonnes mains, un aparté terrestre vient égayer cette fin d’épisode avec le passage au vent de Cough Island, une île égarée aux falaises plongeantes dans l’Atlantique Sud et aux sommets perdus dans les nuages. Quelques minutes plus tard, Sodebo Ultim 3 se délaisse à nouveau d’une partie du flotteur arrière qui n’a pas supporté les assauts perpétuels de l’Océan. Ce matin, nous nous dirigeons toujours vers Cape Town à plus de 30 noeuds, la coque sous le vent volant en équilibre sur son foil. Bonne journée, Martin »