J-46 avant le départ de la Transat Jacques Vabre !
Pour parcourir les 8000 kilomètres qui séparent Le Havre (départ) de Salvador de Bahia au Brésil (arrivée), Thomas Coville a une nouvelle fois choisi d’embarquer son routeur. Le skipper de Sodebo Ultim’ présente et explique le duo qu’il forme à terre et en mer avec Jean-Luc Nélias qui sera son + 1 pour courir cette prochaine Transat en double.
Celui qui en quelques mois et à deux reprises a secoué la planète voile a le regard qui porte souvent au delà de l’horizon.
Il y a dix ans, notre skipper et son partenaire Sodebo ont fait un choix radical en se lançant ensemble dans un audacieux programme de records en multicoque. Il y a cinq ans, le même skipper a proposé à Jean-Luc Nélias de rejoindre son équipe. Thomas Coville décrypte ici leur association et sa vision à long terme quand en 2012, il a mis en place leur duo.
« Avec Jean-Luc (Nélias), nous faisons plus que collaborer. Nous avons construit ensemble un duo qui marche à terre et sur l’eau. Et ce duo marche sur l’eau parce qu’il marche à terre. Il est soudé dans la continuité, dans la construction. On ne parle pas d’un one shot mais de performances à long terme » poursuit le skipper de Sodebo Ultim’
Autrefois rivaux dans la catégorie des 60 pieds ORMA (trimarans de 18.68 mètres), les deux hommes se connaissent désormais mieux que des frères. En 2011/2012, iIs ont partagé et remporté la Volvo Ocean Race, course autour du monde en équipage sur Groupama 4, skippé par Franck Cammas et depuis, ils suivent une route commune.
Cette route, c’est celle que propose Jean-Luc quand il est à terre et celle qu’ils choisissent ensemble quand ils sont en mer. C’est avec Jean-Luc Nélias qui le suit depuis la terre que le skipper de Sodebo Ultim’ est devenu en quelques mois, l’homme le plus rapide autour du monde en solo (49 jours 3H) et le plus rapide à travers l’Atlantique nord (4 jours 11H).
« Aujourd’hui, notre complicité a dépassé la complémentarité. Parce qu’il embarque avec moi dans certaines courses, il sait l’engagement que cela représente quand je suis seul à bord.
Pour Jean-Luc, l’analyse de performances est un débat sans fin. Quand je suis en mer et qu’il est à terre, il analyse les fichiers, il me les envoie et il me demande si je peux aller plus vite sur telle manœuvre ou si je peux accélérer pour attraper un système qui va nous ouvrir la route ou me permettre d’échapper à un calme.
En juillet dernier, je vais chercher le record de la traversée de l’Atlantique nord. Ce record, je l’avais dans la tête, je le réalise et Jean-Luc l’a ressenti dès le début. A terre, il était capable d’apprécier la performance parce que quelques jours avant, il était à bord avec moi en course entre Saint-Nazaire et New York (The Bridge).
« Avec lui, je suis plus factuel. Je m’autorise à envisager que c’est faisable et que je peux gagner. Il est dans la confrontation, pas dans le rapport de forces, mais il a besoin de l’échange. L’exigence du haut niveau tend forcement à ce rapport clair. »
Pour réussir ensemble leurs paris audacieux, les deux fortes personnalités ont délimité leurs domaines de responsabilités et d’expertises. « Si le leadership est tournant au moment où chacun est le meilleur, j’assume la prise de décision en mer comme à terre » conclut le skipper de Sodebo Ultim’.
Découvrez l’interview croisée :
Photo © Jean-Marie Liot / SODEBO