Une anecdote de Martin Keruzoré, notre reporter embarqué qui a eu le malheur d’oublier d’embarquer du dentifrice !
Voilà plusieurs jours que nous vivons en autonomie complète, loin de la terre ferme et ses ressources. A bord, la vie dans ce huis clos a trouvé son rythme et les premières alliances se forment…
Et oui, un extra de nourriture, un peu de confort, tout prend de la valeur, rien n’est gratuit, tout est une affaire de troc. Par exemple, j’ai par maladresse oublié mon dentifrice avant de partir, Jean-Luc lui, a embarqué avec un tube quasiment vide. Thomas, Le Patron, comme je le surnomme, est le bon élève de l’histoire et possède un tube flambant neuf. Voilà ou tout commence : Si nous voulons garder une hygiène buccodentaire raisonnable pendant ce mois de mer, il va falloir payer, payer avec la monnaie locale. Cela se traduit par un gage, une bonne intention, être au petit soin, à l’écoute, troquer sa barre chocolaté journalière contre ceci, cela.
Hier soir, j’ai eu le challenge de préparer le diner du patron, lui qui doit être à son 3345ème repas lyophilisé depuis qu’il navigue autour du globe. La barre est haute, je n’avais pas le droit de faillir si je voulais m’offrir une noisette de dentifrice avant de me coucher.
Je mets tout en œuvre, la bonne température d’eau, la bonne quantité. Trop d’eau et son diner se transformerai en soupe de pomme de terre, trop peu, le risque qu’il se casse une dent sur un morceau encore réduit à l’état solide.
Je laisse mijoter 27 minutes, pas une de plus. Thomas quitte le poste de barre, ouvre sa gamelle et sans un mot, vide son contenant en quelques minutes.
Je suis à mon ordinateur à traiter les images de la journée, il arrive à côté de moi, je ne laisse rien transparaitre, il est là, son sourire en coin, le précieux tube dans une main, j’ai réussi l’examen.
Martin